Eh quoi ! tout est sensible !
Pythagore.

L’école d’Athènes par Raphaël

Homme, libre penseur ! te crois-tu seul pensant
Dans ce monde où la vie éclate en toute chose ?
Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
Mais de tous tes conseils l’univers est absent.

Respecte dans la bête un esprit agissant :
Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;
Un mystère d’amour dans le métal repose ;
« Tout est sensible ! » Et tout sur ton être est puissant.

Crains, dans le mur aveugle, un regard qui t’épie :
À la matière même un verbe est attaché…
Ne le fais pas servir à quelque usage impie !

Souvent dans l’être obscur habite un Dieu caché ;
Et comme un œil naissant couvert par ses paupières,
Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres !

Gérard de Nerval, pseudonyme de Gérard Labrunie, né à Paris le 22 mai 1808 et mort à Paris le 26 janvier 1855, était un poète français.

Il passe son enfance dans le Valois, dont les paysages furent source d’inspiration. A Paris, il mène une vie de bohème, fréquente le ‘Cénacle’ de Victor Hugo puis publie une traduction du ‘Faust’ de Goethe. Il entame des études de médecine mais, grâce à un héritage, part voyager en Italie. A son retour il rencontre l’actrice Jenny Colon ; c’est la révélation. Mais elle le quitte et, malheureux, il gagne l’Orient où il se lance dans une quête mystique et spirituelle (‘ Voyage en Orient’). L’annonce de la mort de Jenny Colon plonge Gérard de Nerval dans un chagrin inconsolable. Il fait alors de l’actrice l’image symbolique de l’idéal féminin qui habite nombre de ses poèmes tel ‘Filles du feu’. Mais les troubles mentaux dont il est atteint resurgissent et, submergé par des crises de folie, il se pend le 26 janvier, rue de la Vieille Lanterne. Sa poésie, porte ouverte sur la vie des rêves, annonce la poésie moderne et l’insatiable appétit de liberté des surréalistes.

Une réponse sur « Vers dorés, recueil « Odelettes » de Gérard de Nerval – »

  1. « El desdichado » le célèbre poème de Nerval est un chef-d’œuvre. C’est peut-être même (avec « Voyelles » de Rimbaud ?) le chef-d’œuvre le plus emblématique de la poésie du dix-neuvième siècle. A côté de ces vers sublimes, Verlaine, Mallarmé ou Dickinson font selon moi pâle figure. Les vers « Ma seule étoile est morte et mon luth constellé / Porte le soleil noir de la Mélancolie » apparaissent encore plus visionnaires à la lueur de ce que l’on sait aujourd’hui des trous noirs. Le luth est une métaphore du cœur, constellé car infini comme le ciel étoilé. L’étoile morte désigne la femme aimée et disparue. Les trois noirs naissent de la mort d’étoiles parmi les plus massives. La mort de la femme aimée a donc créé un trou noir dans le cœur du poète : « Le Soleil noir de la Mélancolie ».
    Sylvain Foulquier

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