
Le gif à 10 points !

Polar : « N’éteins pas la lumière – Bernard Minier »
Un bon polar, plutôt thriller d’ailleurs, efficace, malgré une fin un peu décevante. Bernard Minier retrouve dans ce 3è opus (qui date de 2014) son héros maudit Martin Servaz, enquêteur en congé maladie après un drame qui l’a ébranlé physiquement et surtout psychologiquement. Mais l’héroïne du roman est Christine Steinmeyer, animatrice radio à Toulouse. Le soir de Noël elle reçoit une lettre anonyme, un appel au secours d’une femme annonçant son suicide prochain. Christine ne réagit pas, persuadée qu’il s’agit d’une erreur, mais le lendemain un auditeur l’accuse en direct de n’avoir rien fait. C’est alors une longue descente aux enfers qui commence, de menaces en persécutions, de brimades en harcèlement, Christine perd progressivement… tout. Qui est derrière cette machination, et pourquoi, que lui veut-on, et quel rapport avec le suicide un an plus tôt d’une artiste célèbre, un autre drame sur lequel Martin enquête, officieusement, mis sur cette piste par des messages… anonymes ? Toulouse sous la neige, des drames, le tout sur fond de conquête spatiale, la ville étant le repère des spationautes français. Un peu long, mais captivant.

Roman de la rentrée littéraire : « Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon – Jean-Paul Dubois »
Une très belle découverte d’un auteur qui a pourtant déjà écrit de nombreux romans, et obtenu le prix Femina en 2004 pour ‘Une vie française’. Jean-Paul Dubois écrit (très) bien, raconte merveilleusement les histoires, crée des personnages attachants et m’a conquise. L’aventure de son dernier roman nous emmène sur les traces de Paul, de père danois (pasteur) et de mère française (tenant un cinéma d’art et d’essais dans les années 1970). Incarcéré pour deux ans dans la prison de Montréal, Paul remonte le cours de sa vie en alternant les conversations avec Horton, son co-détenu, Hells Angel au cœur tendre. Il se souvient de son enfance, la séparation de ses parents, son père partant prêcher au Canada où Paul le rejoint quelques années plus tard, son embauche à l’Excelsior, résidence d’une soixantaine d’appartements dont il deviendra pendant 20 ans le ‘super intendant’, sa rencontre avec Winona, pilote d’hydravion qui deviendra sa femme, jusqu’à ce jour, celui de la nomination de Barak Obama à la présidence des Etats-Unis, celui de son incarcération. Que s’est-il passé ? Que sont devenus Johanes, son père, Winona, Nouk sa chienne, fantômes qui viennent le visiter dans sa cellule ? Un livre calme, reposant et drôle en même temps, profondément humain.

Roman de la rentrée littéraire : « Une partie de badminton – Olivier Adam »
Commentaire de Lise : Rentrée littéraire pour Olivier Adam, l’un de mes auteurs préférés. Même si ce n’est pas son meilleur opus, j’ai retrouvé avec plaisir ses thèmes de prédilection et l’atmosphère hautement visuelle, mélancolique et légèrement décalée qui le caractérisent. C’est une chanson d’Alain Chamfort qui donne son titre au roman « Exister quel sport de rue/ Sûr c’est pas du badminton/ Exister si j’avais su/ Aurais-je décliné la donne ». Le ton est donné. Adam retrouve Paul, son double, écrivain en perte de vitesse, qui ramène sa famille en Bretagne où ils ont déjà passé de nombreuses années avant de vivre à Paris. Un retour en arrière, mal vécu surtout par Manon, l’aînée de 16 ans, un peu mieux par Clément, 10 ans (les prénoms, déjà, des enfants de « Des vents contraires »). Paul erre, travaille tant bien que mal comme journaliste au canard du coin, poste décroché grâce à l’appui du maire, tandis que Sarah, son épouse, a obtenu sa mutation dans un lycée proche. Beaucoup de regrets, de doutes… Et puis… tout part en vrille, et plus rien ne va, Sarah ment, Manon fugue, une femme semble suivre Paul à la trace, un ami proche perdu de vue décède, ses articles ne font pas que des heureux parmi les élus. Paul garde le cap, tant bien que mal. La fin devient par trop caricaturale pour moi, et l’auteur m’a donné l’impression de vouloir caser certains thèmes porteurs (immigration, diversité…), mais les dernières pages rattrapent le tout, et j’ai comme toujours trouvé formidables ses descriptions des paysages maritimes bretons, moi qui pourtant, ne jure que par la montagne !

Livre d’une écrivaine que je n’ai encore jamais lue : « Changer l’eau des fleurs – Valérie Perrin »
Un livre ‘feel good’ conseillé par Bénédicte, qui m’a semblé plus nostalgique et tendre que revigorant. A travers plus de 90 petits chapitres, tous introduits par une épitaphe, nous découvrons l’histoire de Violette, garde-cimetière depuis 20 ans. Après avoir été mère très jeune, des œuvres de Philippe Toussaint, elle devient garde-barrière, sa vie se rythmant autour des heures de train, jour comme nuit, l’obligeant à sortir de chez elle pour abaisser, puis relever, la fameuse barrière. Elle fait tout, pour tout le monde, Philippe disparaissant de plus en plus souvent et de plus en plus longtemps pour ‘faire des tours à moto’… En 1996 la gare ferme, et le couple se voit obligé de chercher un autre emploi. Ce sera garde-cimetière à Brancion en Châlon, Bourgogne. Un an plus tard, Philippe disparaît pour de bon. Violette poursuit sa vie, appréciée des fossoyeurs comme du curé, jusqu’au jour où entre dans sa maison… Impossible de raconter sans dévoiler, construit comme un thriller, le roman alterne passé et présent pour nous permettre de comprendre Violette, sa vie, ses failles, sa résistance, sa résilience dirait-on aujourd’hui… C’est émouvant, poétique, plus complexe que ce à quoi je m’attendais, une belle surprise !

Titre offert ou prêté : « Un mariage anglais – Claire Fuller »
Un très beau livre, triste, envoûtant, sur les débuts d’une rencontre, celle de Ingrid, jeune étudiante, et de Gil Coleman, son professeur de lettres dans l’Angleterre des années 1970. Séduite par cet homme qui pourrait être son père et traîne une réputation sulfureuse, Ingrid l’accompagne dans sa retraite au bord de la mer, puis tombe enceinte, le temps d’un été. Gil l’épouse, mais que deviendra ce mariage ? Le livre alterne le présent, les deux filles de Gil, jeunes adultes, se retrouvant au chevet de leur père qui prétend avoir revu Ingrid, alors qu’elle a mystérieusement disparu il y a plus de 10 ans, et le passé, avec des lettres qu’Ingrid elle-même a écrites à Gil, juste avant sa disparition, puis cachées dans les nombreux ouvrages qui jonchent le sol de la maison. Elle y relate ‘sa’ vérité sur leur mariage, depuis leur rencontre jusqu’à… cette fameuse date qui l’a vue disparaître. La tension monte, jusqu’à un final inattendu. C’est une fin ouverte, qui laisse la place à l’interprétation. Un roman sur nos relations, nos doutes, les non-dits et les faux-semblants, tout ce qui nous lie et ce qui finalement déçoit…
Une réponse sur « SRC 2019 de Lise »