Que d’échanges et de partages d’idées et d’expériences hier soir sur le thème de la littérature féministe. Nous n’étions pas nombreuses : sept. Mais la soirée dura jusque tard tellement nous avions à dire sur le sujet. Certaines d’entre nous n’ont pas pu venir mais avaient préparé des livres à présenter sur cette thématique, vous les retrouverez dans la liste des livres conseillés.

De grandes autrices, de TRES grandes autrices même ont été présentées, et ont nourrit nos réflexions. Je pense à Elisabeth Badinter, Simone de Beauvoir, Virginie Despentes, Evelyne Pisier, Margaret Artwood, Tracy Chevalier…

Bref ce sujet est vaste et passionnant. Nous avons aussi remarqué hier soir qu’en lisant des livres féministes, nous avons découvert et appris énormément sur l’histoire des femmes. Il est même surprenant de constater que nous connaissons si mal notre passé.

Alors surtout n’hésitez pas à vous plonger dans la littérature féministe, vous ne pourrez qu’en ressortir grandie et enrichie.

Livres conseillés en littérature féministe

Bye Bye Blondie de Virginie Descentes (conseillé par Cécile)

Commentaire de Cécile : Je viens de lire ( dévorer) “bye bye Blondie” … touchant, étonnant, parfois déconcertant, drôle aussi dans les répliques … une femme qui écrit avec ses tripes et ça se ressent. Belle découverte d’une écrivaine très connue mais que je ne connaissais pas encore … 

The handmaid’s tale de Margaret Atwood (conseillé par Natacha)

Commentaire de Natacha : Je ne suis pas du tout rentrée dans cette dystopie qui à mon sens dénonce bien plus le totalitarisme, qu’elle ne se fait l’apologie du féminisme. Il est un peu question de féminisme lorsque l’héroïne se souvient de l’éducation que lui donna sa mère. Sinon il s’agit principalement d’une lutte contre un régime totalitaire. L’histoire ne m’a pas transportée.

La femme rompue de Simone de Beauvoir (conseillé par Natacha)

Commentaire de Natacha : Ce livre que j’ai lu à 16 ans fut une révélation. La révélation qu’une femme ne devrait jamais dépendre de personne dans sa vie. Simone de Beauvoir raconte le destin glaçant d’une femme parfaite qui se consacre totalement à sa famille, qui fait tout ce que l’on attend d’elle très bien et qui par un caprice de son mari se retrouve répudiée. C’est formidablement bien écrit et à recommander pour toutes les jeunes filles qui entament leur vie d’adultes.

Le conflit : la femme et la mère d’Elisabeth Badinter (conseillé par Muriel)

Commentaire de Muriel :

Commentaire de Muriel : Essai très documenté paru en 2010, offrant une analyse de l’évolution du féminisme depuis les années 70’s etun état des lieux sur la femme et sa relation à la maternité, en occident.
Selon Elisabeth Badinter,le retour en force du féminisme naturaliste et du concept d’instinct maternel universel (la mère, seule, est apte à comprendre son enfant et connaître ses besoins) et de certains courants écologistes(réutilisation des couches lavables,…) sont un danger pour l’émancipation des femmes et l’égalité des sexes.
Elle considère que ces mouvements – relayés notamment par la toute puissante « Leche League » américaine qui veut imposer l’allaitement au sein et le maternage jusqu’à 3 ans- culpabilisent les femmes qui ne sont pas prêtes à se sacrifier totalement pour leur progéniture et entraînent une régression des droits des femmes par rapport aux années 70’s.
Badinter met le doigt sur l’influence écrasante que peuvent avoir les regards et les pressions extérieurs sur les femmes et la difficulté de mener de front une carrière et une vie de famille avec enfants.
Pour l’autrice, les femmes doivent pouvoir se réaliser ailleurs que dans la maternité telle qu’on la leur impose. 

La femme indépendante de Simone de Beauvoir (conseillé par Geneviève)

Commentaire de Geneviève : La femme indépendante est un chapitre du « deuxième sexe » qui lui totalise environ 900 pages. Simone de Beauvoir s’interroge sur ce qui définit la femme et en arrive à la conclusion qu’elle est l’autre sexe. L’écriture est fluide, intelligente, pertinente ! On se prend à souligner des passages en se disant « Cette phrase, je dois la retenir, je sens que je pourrais m’en servir un jour ». C’est une excellente surprise. Finalement cela n’a rien de classique, c’est universellement intelligent !

Olga de Bernard Schlink (conseillé par Florence)

4e couverture : L’est de l’empire allemand à la fin du XIX⊃e siècle. Olga est orpheline et vit chez sa grand-mère, dans un village coupé de toute modernité. Herbert est le fils d’un riche industriel et habite la maison de maître. Tandis qu’elle se bat pour devenir enseignante, lui rêve d’aventures et d’exploits pour la patrie. Amis d’enfance, puis amants, ils vivent leur idylle malgré l’opposition de la famille de Herbert et ses voyages lointains. Quand il entreprend une expédition en Arctique, Olga reste toutefois sans nouvelles.
La Première Guerre mondiale éclate, puis la Deuxième. À la fin de sa vie, Olga raconte son histoire à un jeune homme qui lui est proche comme un fils. Mais ce n’est que bien plus tard que celui-ci, lui-même âgé, va découvrir la vérité sur cette femme d’apparence si modeste.
Bernhard Schlink nous livre le récit tout en sensibilité d’un destin féminin marqué par son temps. À travers les décennies et les continents, il nous entraîne dans les péripéties d’un amour confronté aux rêves de grandeur d’une nation. 

Les quatre femmes de Dieu : la putain, la sorcière, la sainte et Bécassine de Guy Bechtel (conseillé par Florence)

Commentaire de Florence : C’est la vision de la femme à travers les siècles selon ce qu’en disait l’Eglise. C’est édifiant ! On en rirait presque si seulement tout cela n’avait réellement existé. Malheureusement ces visions qui nous semblent tellement ridicules (ex: une femme ne doit pas faire de bicyclette, elle risquerait d’éprouver du plaisir par frottement) ne sont pas si éloignées de nous, ni historiquement, ni géographiquement. Il est donc bon de se rappeler quand même par quoi nous sommes passées, et ce que nous avons obtenu. Ce livre appelle à la vigilance, en cela il devrait presque être étudié en histoire à l’école.

Gabriële  d’Anne et Claire Berest (conseillé par Sabine)

Commentaire de Sabine : C’est une biographie documentée à 4 mains. Celles de deux arrière-petites filles de Gabriële Buffet qui découvrent en l’écrivant la vie de leurs aïeux et notamment cette époustouflante femme que fut Gabriële Buffet, première épouse du peintre Francis Picabia. Son histoire est intéressante car elle subit les contraintes de sa condition de femme de son époque mais parvint à s’en affranchir bon gré, mal gré. Encore jeune femme célibataire, elle put gagner sa vie à Berlin grâce à ses talents de musicienne. Elle épousa un homme qui l’admira pour son intelligence. Elle eu quatre enfants mais n’en porta jamais la charge. Elle fut admirée par Picasso, Duchamp mais soumise à partager son homme avec d’autres femmes et finit par divorcer. Elle le récupérera à sa mort et fit exhumer son fils cadet pour libérer de la place dans le caveau familial afin que son mari puisse reposer à côté d’elle. Ce livre raconte tout cela. C’est étonnant, fascinant, émouvant et troublant.

Et soudain la liberté d’Evelyne Pisier et Caroline Laurent (conseillé par Sabine)

Commentaire de Sabine : Ce roman écrit à quatre mains raconte la vie romancée d’Evelyne Pisier. L’écriture est magnifique. La vie d’Evelyne Pisier et de sa mère sont passionnantes. Leur relation évolue au cours du roman et flutue entre admiration, fusion et incompréhension. J’ai appris beaucoup sur l’Indochine car Evelyne Pisier est née à Hanoï, sur les relations entre l’union des étudiants communistes de France et Cuba.
Il est évidemment question de la condition féminine et la lutte pour les droits de la femme : le droit de porter des pantalons, de conduire, de travailler, de divorcer, d’accéder à la contraception, d’avorter. Nous croisons sous des noms déguisés des personnages haut en couleurs facilement reconnaissables : Fidel Castro, Bernard Kouchner. C’est passionnant !
Evelyne Piser est décédée à l’âge de 75 ans alors qu’elle était en train de ré-écrire sa biographie avec son éditrice Caroline Laurent pour en faire une version romancée. C’est donc son éditrice Caroline Laurent qui acheva l’écriture de ce superbe roman. Il a reçu le prix Elle des lycéennes en 2017, le prix Marguerite Duras 2017 et le prix première plume. Je le recommande vivement.

Prodigieuses créatures de Tracy Chevalier (conseillé par Lise)

Commentaire de Lise : C’est un roman, mais c’est aussi une histoire vraie, d’une femme, ‘chasseuse de fossiles’, qui au début du 19èmesiècle a été à l’origine de découvertes qui ont révolutionné la façon d’appréhender le monde et ses origines, permettant aux scientifiques de l’époque, tous des hommes, de faire avancer leurs réflexions. C’était AVANT Darwin, à l’époque où Cuvier en France commençait à suggérer que le monde n’était peut-être pas (ou plus) tel que Dieu l’avait créé… L’extinction des espèces était envisagée (sacrilège !). Mary Anning, illettrée, fille d’ouvriers, a un don pour dénicher les ‘monstres’ (fossiles d’ichtyosaure, de plésiosaure…), arpentant sans relâche les plages du Sud-Ouest de l’Angleterre où elle grandit. Elle vend ses fossiles aux touristes pour permettre à sa famille de s’en sortir. Son amitié (et sa rivalité) avec Elizabeth Philpot, vieille fille instruite, exilée de Londres avec ses sœurs dans le même village, et également passionnée de fossiles, lui a sans doute permis de progresser dans ses recherches, qui finirent par fournir aux musées de l’époque à Londres ou Paris, leurs plus beaux spécimens. Elle meurt à 47 ans, sans s’être jamais mariée ni éloignée de Lyme Regis. C’est une histoire vraie, mais aussi un beau roman, émouvant, qui retrace le parcours de cette femme, à une époque où elles étaient quantités négligeables… Elle n’aura jamais rien publié, et son nom n’apparaît qu’à de rares reprises dans les écrits de ses contemporains

King Kong Théorie de Virginie Despentes (conseillé par Alice, Sophia et Juliette)

Commentaire de Sophia : Concernant ce livre, j’hésite : C’est un peu exagéré comme point de vue pour moi, mais c’est exactement ce que l’autrice veut. Je pense qu’elle exprime une grande détresse et elle veut que nous soyons exaspérées !!!!!

Idiss de Robert Badinter (conseillé par Laure)

4e couverture : J’ai écrit ce livre en hommage à ma grand-mère maternelle, Idiss. Il ne prétend être ni une biographie, ni une étude de la condition des immigrés juifs de l’Empire russe venus à Paris avant 1914. Il est simplement le récit d’une destinée singulière à laquelle j’ai souvent rêvé.
Puisse-t-il être aussi, au-delà du temps écoulé, un témoignage d’amour de son petit-fils.

Bad Feminist de Roxane Gay (conseillé par Patricia)

4e couverture : Bad Feminist. Derrière ce titre ironique, Roxane Gay développe une réflexion révolutionnaire et bienvenue sur l’état actuel du féminisme. Lassée des prises de position parfois trop clivantes de certaines organisations féministes, et fatiguée d’entendre des femmes dire qu’elles ne sont pas féministes, elle rappelle que la défense de l’égalité des sexes ne dispense pas d’assumer ses contradictions : on peut aimer la télé-réalité, se peindre les ongles en rose et revendiquer le fait d’être féministe. Bad Feminist regroupe ses chroniques initialement publiées dans The Guardian et sur le site The Rumpus. Roxane Gay y parle de culture, de race, de sexe et de genres, de stéréotypes sur l’amitié féminine, en se fondant sur sa propre histoire de femme noire dans l’Amérique contemporaine. Le portrait qui émerge en filigrane est celui d’une femme au regard d’une incroyable justesse, aussi bien sur elle-même que sur notre société. Une société dans laquelle les produits culturels que nous consommons entretiennent bon nombre de stéréotypes qui finissent par nous définir. Après avoir lu Bad Feminist, vous ne verrez plus les femmes, ni le monde, de la même façon.

Cat person (conseillé par Juliette). C’est la nouvelle publiée online par The New Yorker qui devint virale et fut à l’origine du #meetoo. Si vous voulez la lire c’est ici.

Parce qu’elle a été présentée par 4 happy women, voici la portrait de Virginie Descentes réalisé par Brut.

.

Quelques images d’archives

Une réponse sur « La littérature féministe »

Laisser un commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s