Bilan 2017 – Top 3 de Sabine

Cette année 2017, dans mon top 3 : trois écrivains français. Et finalement rien de paru dans l’année.

1 – California Girls de Simon Liberati

Mon numéro 1 pour cette année : ce livre m’a d’autant plus interpellée que je l’ai lu en même temps que ressortait dans l’actualité la question de la libération des membres de la « Famille » de Charles Manson, coupables de l’abominable assassinat de Sharon Tate et ses amis. Simon Libérati qui avait lui même été très choqué à l’époque des faits alors qu’il n’était encore qu’un enfant, s’est attaché à ne retracer que les faits établis et avérés, consignés dans les procès verbaux de l’enquête et du procès. Selon lui cet événement tragique marque la fin du rêve hippy, et de l’enchantement de cette jeunesse des années soixante qui s’opposait aux guerres dans le monde et qui semblait être attachée si fort aux valeurs de la paix et de l’amour. Ce point de vue historique m’a beaucoup intéressée.

Ce qui m’a encore passionnée dans ce livre, c’est la question du passage à l’acte. Comment de jeunes adolescents ont pu s’acharner ainsi? Comment se sont-elles à ce point déshumanisées? Quelle est la responsabilité de ce Charles Manson et comment a-t-il pu les influencer ainsi?  Le sujet du passage à l’acte et de la responsabilité est extrêmement complexe. Il n’y a pas d’analyse psychologique par l’auteur, chacun se fera sa propre idée. J’ai aimé cette neutralité qui nous permet à tous de nous interroger sur la question.

Attention aux âmes sensibles: ce livre traite d’un meurtre atroce et n’est donc pas facile à lire de ce point de vue.

2 – Le coeur cousu de Carole Martinez

C’est l’histoire de Frasquita Carasco qui hérite d’un don de couturière merveilleuse pouvant donner vie à ses cousettes : aux fleurs qu’elle brode sur sa robe de mariée, au coeur qu’elle coud sous la tunique de la Madone…

Son destin la mènera dans les bras d’un mari  qui se prend pour une volaille, elle en recevra cinq enfants chacun pourvu de dons surnaturels comme elle, puis devra fuir son village avec ses enfants sous le bras dans une épopée digne des plus grands roadmovies.

Le talent de Carole Martinez à conter des histoires merveilleuses en mêlant des personnages cocasses à des situations parfois extrêmement cruelles, est absolument jubilatoire. Cette histoire est étrange mais on entre dedans dès la première page. Le style est lyrique mais jamais trop. Juste ce qu’il faut pour nous emporter. Ce n’est pas du Steinbeck mais cela y fait penser, ce n’est pas non plus du Tolkien mais cela y fait aussi penser. En tous les cas, c’est surprenant dans la littérature française et c’est à lire.

3- Une gourmandise de Muriel Barbery

J’avais déjà adoré “L’élégance du hérisson” alors je me suis lancée avec enthousiasme dans celui-ci. Quelle joie, quel bonheur. Cette gourmandise est DELICIEUSE !!! J’ai tout aimé le sujet, le postulat, la forme et le fond du roman et de l’écriture.

Muriel Barbery raconte ici les dernières heures d’un critique gastronomique qui avant de mourir souhaite retrouver LA saveur qu’il a préféré de toutes celles qu’il a goutées dans sa vie. C’est magnifiquement écrit: la description des saveurs, le fonctionnement du monde de la gastronomie, la complexité des sentiments humains de l’entourage du mourant.

Muriel Barbery ne cherche pas à nous attendrir sur un mourant car celui-là est particulièrement détestable. Elle utilise un procédé de narration dédiant un chapitre à un point de vue de chaque personnage. Cet exercice de style à la Queneau permet ainsi de faire le tour d’une vie et montre comment telle ou telle action ont pu inspirer différentes personnes de différentes manières. J’ai absolument adoré!

Enfin j’ajouterai une très grande déception de 2017: le Goncourt 2017 à savoir l’Ordre du jour d’ Eric Vuillard.